Supplément au voyage de Bougainville
A. Le brouillard est si épais qu'il nous dérobe la vue des arbres voisins. B. Il est vrai ; mais si ce brouillard, qui ne reste dans la partie inférieure de l'atmosphère que parce qu'elle est suffisamment chargée d'humidité, retombe sur la terre ? A. Mais si au contraire il traverse l'éponge, s'élève et gagne la région supérieure où l'air est moins dense, et peut, comme disent les chimistes, n'être pas saturé ? B. Il faut attendre. A. En attendant, que faitesvous ? B. Je lis. A. Toujours ce voyage de Bougainville ? B. Toujours. A. Je n'entends rien à cet hommelà. L'étude des mathématiques, qui suppose une vie sédentaire, a rempli le temps de ses jeunes années ; et voilà qu'il passe subitement d'une condition méditative et retirée au métier actif pénible, errant et dissipé de voyageur. B. Nullement. Si le vaisseau n `est qu'une maison flottante, et si vous considérez le navigateur qui traverse des espaces immenses, resserré et immobile dans une enceinte assez étroite, vous le verrez faisant le tour du globe sur une planche, comme vous et moi le tour de l'univers sur notre parquet. Paragraphes précédents 21 ... 40 Paragraphes suivants |
Texte produit par Claude Decoret (decoret@handy.univ-lyon1.fr)