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Victor Hugo

Quatre-vingt-treize


Tout à coup les soldats de cette petite troupe d'avant-garde eurent ce tressaillement connu des chasseurs qui indique qu'on touche au gîte. On avait entendu comme un souffle au centre d'un fourré, et il semblait qu'on venait de voir un mouvement dans les feuilles. Les soldats se firent signe.

Dans l'espèce de guet et de quête confiée aux éclaireurs, les officiers n'ont pas besoin de s'en mêler ; ce qui doit être fait se fait de soi-même.

En moins d'une minute le point où l'on avait remué fut cerné ; un cercle de fusils braqués l'entoura ; le centre obscur du hallier fut couché en joue de tous les côtés à la fois, et les soldats, le doigt sur la détente, l'oeil sur le lieu suspect, n'attendirent plus pour le mitrailler que le commandement du sergent.

Cependant la vivandière s'était hasardée à regarder à travers les broussailles, et au moment où le sergent allait crier : Feu ! cette femme cria : Halte !

Et se tournant vers les soldats : --- Ne tirez pas, camarades !

Et elle se précipita dans le taillis. On l'y suivit.

Il y avait quelqu'un là en effet.

Au plus épais du fourré, au bord d'une de ces petites clairières rondes que font dans les bois les fourneaux à charbon en brûlant les racines des arbres, dans une sorte de trou de branches, espèce de chambre de feuillage, entr'ouverte comme une alcôve, une femme était assise sur la mousse, ayant au sein un enfant qui tétait et sur ses genoux les deux têtes blondes de deux enfants endormis.

C'était là l'embuscade.

-- Qu'est-ce que vous faites ici, vous ? cria la vivandière.

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Texte produit par Eric Vautier (eric.vautier@adp.fr)