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Denis Diderot

Jacques le fataliste et son maître

JACQUES: C'est que, tandis que je m'enivre de son mauvais vin,
j'oublie de mener nos chevaux à l'abreuvoir. Mon père s'en
aperçoit; il se fâche. Je hoche de la tête; il prend un bâton et
m'en frotte un peu durement les épaules. Un régiment passait pour
aller au camp devant Fontenoy; de dépit je m'enrôle. Nous
arrivons; la bataille se donne.

LE MAÎTRE: Et tu reçois la balle à ton adresse.

JACQUES: Vous l'avez deviné; un coup de feu au genou; et Dieu sait
les bonnes et mauvaises aventures amenées par ce coup de feu.
Elles se tiennent ni plus ni moins que les chaînons d'une
gourmette. Sans ce coup de feu, par exemple, je crois que je
n'aurais été amoureux de ma vie, ni boiteux.

LE MAÎTRE: Tu as donc été amoureux?

JACQUES: Si je l'ai été!

LE MAÎTRE: Et cela par un coup de feu?

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Texte produit par Carole Netter (cnetter1@cc.swarthmore.edu)