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Joseph de Maistre

Lettres à un gentilhomme russe sur l'Inquisition espagnole (1815)

PRÉFACE ÉCRITE LONGTEMPS AVANT L'OUVRAGE, PAR UN HOMME QUI N'ÉTAIT PAS PRETRE.

« Tous les grands hommes on été intolérants, _et il faut l'être._ Si l'on rencontre sur son chemin un prince débonnaire, il faut lui prêcher la tolérance, _afin qu'il donne dans le piège,_ et que le parti écrasé ait le temps de se relever par la tolérance qu'on lui accorde, _et d'écraser son adversaire à son tour._ Ainsi le sermon de Voltaire, qui rabâche sur la tolérance, est un sermon fait aux _sots_ ou aux _gens dupes,_ où à des gens qui n'ont aucun intérêt à la chose. »

_Correspondance de Grimm, 1er juin 1779, Ire partie, tome II, page 242 et 243._

LETTRE PREMIERE.

Monsieur le Comte,

J'ai eu le plaisir de vous intéresser, et même de vous étonner, en vous parlant de l'Inquisition. Cette fameuse institution ayant été entre vous et moi le sujet de plusieurs conversations, vous avez désiré que l'écriture fixât pour votre usage, et mît dans l'ordre convenable, les différentes réflexions que je vous ai présentées sur ce sujet. Je m'empresse de satisfaire votre désir, et je saisirai cette occasion pour recueillir et mettre sous vos yeux un certain nombre d'autorités qui ne pouvaient vous être citées dans une simple conversation. Je commence, sans autre préface, par l'histoire du tribunal.

Il me souvient de vous avoir dit en général que le monument le plus honorable pour l'Inquisition était précisément le rapport officiel en vertu duquel ce tribunal fut supprimé, en l'année 1812, par ces Cortès, de philosophique mémoire, qui, dans l'exercice passager de leur puissance absolue, n'ont su contenter qu'eux-mêmes (1).



(1) _Informe sobre el Tribunal de la Inquisiciòn con el proyecto de decreto acerca de los tribunales protectores de la religiòn, presentado a las Cortes generales y extraordinarias por la comisiòn de constituciòn: mandado imprimir de orden de S.M._ (ceci n'est pas clair.) Cadix, 1812.

Si vous considérez l'esprit de cette assemblée, et en particulier celui du comité qui porta la parole, vous conviendrez que tout aveu favorable à l'Inquisition, et parti de cette autorité, ne souffre pas de réplique raisonnable.

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Texte produit par Denis Constales (dcons@world.std.com)