Cinna (Édition de 1682)
ÉMILIE Impatients désirs d'une illustre vengeance Dont la mort de mon père a formé la naissance, Enfants impétueux de mon ressentiment, Que ma douleur séduite embrasse aveuglément, Vous prenez sur mon âme un trop puissant empire ; Durant quelques moments souffrez que je respire, Et que je considère, en l'état où je suis, Et ce que je hasarde, et ce que je poursuis. Quand je regarde Auguste au milieu de sa gloire, Et que vous reprochez à ma triste mémoire Que par sa propre main mon père massacré Du trône où je le vois fait le premier degré ; Quand vous me présentez cette sanglante image, La cause de ma haine, et l'effet de sa rage, Je m'abandonne toute à vos ardents transports, Et crois, pour une mort, lui devoir mille morts. Au milieu toutefois d'une fureur si juste, J'aime encor plus Cinna que je ne hais Auguste, Lignes précédentes 21 ... 40 Lignes suivantes |
Texte produit par Jean-Francois Bouzereau (bzr@dialup.francenet.fr)