A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z - EXCENTRICITÉS

P (il y a du): Il y a du danger, la police est proche (Dict. d'argot, 1844). -- On a probablement pris la première lettre du mot Police. --
Faire le P: Faire mauvaise mine (Grandval, 1827).

PACQUELIN , LINAGE , LINEUR , LINER : Ces quatre mots répondent en argot à Pays, Voyage, Voyageur et Voyager (Vidocq). -- On trouve dans Bailly les formes Paclin, Patelin, Pasquelin.

PAF : Ivre. Abréviation de Paffé. -- « Vous avez été joliment paf hier. » -- Balzac.
Paffer, empaffer: Enivrer. -- « Au milieu de cette plèbe bariolée qui se paffe de vin bleu. » -- Delvau. -- « Nous allons à la Courtille nous fourrer du vin sous le nez, quand nous sommes bien empaffés. » -- Vidal, 183# Viennent de Paf qui représentait au dix-huitième siècle la goutte d'aujourd'hui; comme elle, paf s'appliquait surtout à l'eau- de-vie. En voici de nombreux exemples. -- « Viens plutôt d'amitié boire nous trois un coup de paffe. » -- Vadé, 1758. -- « Voulez-vous boire une goutte de paf. -- J'voulons bien. -- Saint-Jean, va nous chercher d'misequier d'rogome. » -- 1756, l'Écluse. -- « Il m'proposit le paf. Ça me parlit au coeur si bien, que j'y allis... dans une tabagie de la rue des Boucheries, où que j'bure du ratafia après le coco. » -- Rétif, 177e, Contemp., 1783. -- Il doit y avoir parenté entre le paf du dix-huitième siècle et l'eau d'aff de l'argot moderne. -- « Tu vas me payer l'eau d'aff ou je te fais danser. » -- E. Sue.

PAFFE : Soulier. V. Gouêpeur Empaffe . -- Dans le dictionnaire du Cartouche de 1827, nous trouvons : Passans, passifs: Souliers. -- Le second mot est un diminutif. Le premier semble faire allusion à la mission voyageuse du soulier. Paffe ne serait-il pas une abréviations de passif?

PAGNE : Secours envoyé à un détenu par un ami. (Vidocq) .

PAILLASSE : Caméléon politique. -- Allusion à la chanson de Béranger: Paillass', mon ami, N'saut' pas à demi, Saute pour tout le monde, etc. De là aussi est venu le synonyme de sauteur.
Paillasse: Ventre. -- La paille s'en échappe comme les intestins. -- « Il s'est fait crever la paillasse, il s'est fait tuer. » -- Dhautel. 1808.
Paillasse de corps-de-garde: Prostituée de dernier ordre. Comme les paillasses de corps-de-garde, elles changent continuellement de coucheurs.
De là, le nom de Paillasson donné aux hommes qui fréquentent les filles publiques, sans néanmoins être leurs souteneurs. -- « Chaque soir sur l'boul'vart, ma p'tite femm' fait son trimar. Mais, si el's'porte s'l'paillasson, J'lui coup'la respiration. J'suis poisson. » -- Ancienne chanson d'argot.

PAILLE : Dentelle (Vidocq). -- Allusion à sa légèreté.
Paille au cul (Avoir la): Être mis à la réforme. On sait qu'on expose, après y avoir attaché un bouchon de paille, les objets dont on veut se défaire isolément. -- « La paille au cul, repassez la frontière, Cafards Bourbons. » -- La Paille au cul, ch., 1832.
Paille de fer: Dans le récit d'un combat, H. Monnier fait dire à un vieux sergent: « À toi, à moi la paille de fer. » -- Allusion singulièrement pittoresque au hasard qui expose chaque combattant à un coup mortel. N'est-ce pas un vrai jeu de courte-paille? -- Seulement, les fétus sont des pointes meurtrières.
Homme de paille: Homme étranger aux choses accomplies sous la responsabilité de son nom.

PAILLON : Cuivre (Vidocq). -- Allusion de couleur.

PAIN? (Et du) : As-tu ou Ai-je de quoi manger? -- Donnez des conseils à un malheureux affamé, il vous ramène à la question par ces mots qui en résument toute l'immédiativité: Et du pain? -- Gavarni montre un masque abordant avec ces mots un domino femelle, qui l'attend, binocle sur les yeux: « Pus qu'ça de lorgnon... Et du pain? » -- La question déchire d'un seul coup les faux dehors de cette femme élégante qui n'a peut-être pas dîné pour acheter des gants.
Faire passer le goût du pain: Tuer. On trouve Perdre le goût du pain (Mourir) dans le Dictionnaire comique de Leroux. V. Claquer . -- « Tous les jean-f...... qui voulaient faire perdre le goût du pain aux braves montagnards. » -- 1793, Hébert. -- « V'là la guillotine qui se met à jouer. On enlève le goût du pain au monde. » -- H. Monnier.

PALLAS (Faire) : Faire des façons, des embarras. -- L'argot paraît s'être piqué là de certaines connaissances mythologiques, car Minerve faisait parfois la renchérie. -- « Au pré finira ton histoire, et là l'on n'y fait plus pallas. » -- Vidocq.

PALLOT : Paysan (Vidocq). -- Au moyen âge, palot signifiait bêche. V. Roquefort.

PALPER : Toucher de l'argent (Dhautel, 1808).

PALPITANT : Coeur ému. V. Coquer Battant .

PANA , PANAILLEUX : « Vieux pana se dit d'un homme avare, Laid et âgé, qui se laisse difficilement ruiner par les lorettes. Les panas s'emploient dans le Dictionnaire de la Curiosité comme exemple de tessons, de loques, de débris de toutes sortes, et ceux qui les vendent sont des panailleux. » -- Champfleury. -- Pana est une forme de panné. -- Panailleux viendrait plutôt du vieux mot penaille: guenille.

PANADE : Sans consistance. -- Allusion à la soupe de ce nom. -- « Notre gouvernement est joliment panade! » -- Ricard.
Panade: Chose sans valeur (Vidocq). -- De Panne.

PANAMA : Chapeau tressé avec des joncs que nos fabriques vont chercher à Panama. -- « J'ai dû chanter contre la crinoline et m'égayer aux frais du panama. » -- J. Choux. -- De 1858 à 1860, le panama fut à la mode. Une société dite des Moyabambines se forma pour l'exploiter, ce qu'il faut savoir pour comprendre cet exemple: « Que de coquins coiffés de moyambines (sic). » -- Id.

PANIER : Voiture basse en osier, à la mode vers 1860. -- «Ange! tu m'as transporté. Si une calvitie invétérée ne te fait pas peur, je suis homme à mettre à tes pieds un panier en pur osier. » -- Les Pieds qui r'muent, 1864.
Panier à salade: « Geôle roulante appelée par le peuple dans son langage énergique des paniers à salade... Voiture à caisse jaune montée sur deux roues et divisée en deux compartiments séparés par une grille en fer treillissé... Ce surnom de panier à salade vient de ce que primitivement la voiture étant à claire-voie de tous les côtés, les prisonniers devaient y être secoués absolument comme des salades. » -- Balzac.
Panier à deux anses: V. Anses .

PANNE : Misère. -- « Il est dans la panne et la maladie. » -- Ricard.
Panné: Misérable. -- « Ça marche sur ses tiges, ben sûr! Pas pus de braise que dans mon oeil. Ohé! panné! panné! » -- Ricard. -- Du vieux verbe pannir: priver, retrancher, voler. V. Roquefort.

PANOUFLE : Perruque (Vidocq). -- Du vieux mot panufle: guenille. V. Du Cange.

PANTE , PANTRE , PANTINOIS : Bourgeois bon à exploiter ou à voler. -- Pante et Pantre sont des formes abrégées de Pantinois et Pantruchois, c'est-à-dire: bourgeois de Pantin ou Pantruche (Paris). On sait que la grande ville est pour les voleurs un séjour de prédilection. -- « J'ai reniflé des pantes rupins. » -- Paillet. -- V. Lever.

PANTIN : « Pantin, c'est le Paris obscur, quelques-uns disaient le Paris canaille, mais ce dernier s'appelle en argot, Pantruche. » -- G. de Nerval . -- Cette définition manque de justesse. Pantin est Paris tout entier, laid ou beau, riche ou obscur. -- étymologie incertaine. Peut- être le peuple a-t-il donné à Paris, par un caprice ironique, le nom d'un village de sa banlieue (Pantin).-- V. Pré .
Dans le goût de Pantin: À la mode de Paris, et, par extension, très- bien. -- « Là! v'là qu'est arrangé dans le goût de Pantin. » -- Zombach, Chansons.

PANTOUFLE (Et coetera) : Injure peu traduisible. Pour la comprendre, il faut savoir qu'on appelle aussi c-n pantoufle un homme nul, sans énergie, qui n'a rien de viril. -- « L'animal le traitait alors de fainéant, de poule mouillée et d'et coetera pantoufle. » -- L. Desnoyer. -- « Et coetera pantoufle: Quolibet dont on se sert lorsqu'un ouvrage pénible et ennuyeux vient à être terminé. » -- Dhautel, 1808.

PANTURNE : Fille de mauvaises moeurs. -- Grandval.

PAPA (À la) : Supérieurement. -- Le père est maître au logis. -- « On nous aura requinqués à la papa... Tu riras là mais j'dis à la papa... Ou sinon d'ça j'te brosse à la papa... » -- Le Casse-Gueule. ch., 184l. -- « Il va nous juger ça à la papa. » -- Désaugiers, 1813.

PAPE (Soldat du) : Mauvais soldat. -- « Soldats du pape, méchantes troupes. Machiavel a dit que les compagnies de l'église sont le déshonneur de la gendarmerie. » -- Le Duchat, 1738. -- Le terme remonterait donc au seizième siècle. -- « Vous êtes bien des soldats du pape. Est-ce que par hasard un jupon vous ferait peur? » -- L. Reybaud.

PAPELARD : Papier (Vidocq). Corruption de mot.

PAPILLON : Blanchisseur (id.). -- Comme le papillon, il arrive de la campagne, et ses ailes blanches sont représentées par les paquets de linge qu'il porte sur le dos.
Papillonneur: Voleur exploitant les voitures des blanchisseurs qui apportent le linge à Paris (id.).

PAQUECIN : « Ne faut-il pas que baluchons et pacquecins (paquets) disparaissent subitement comme dans une féerie? Personne n'égale le cambrioleur dans l'art de déménager sans bruit. » -- A. Monnier.

PAQUETS (Faire des) : Médire, Tricher en interpolant des cartes préparées dans son jeu.

PARADE (Défiler la) : Mourir. -- « Alors tout l'monde défile à c'te parade d'où l'on ne revient pas sur ses pieds. » -- Balzac.

PARADIS (Porter en) : « Vous voulez parler du coup de poing. -- Oui; oh! Le beau jeune homme ne portera pas cela en paradis, allez! » -- Ricard. -- C'est-à-dire: Il me le paiera avant sa mort.

PARALANCE : Parapluie. V. Lance .

PARISIEN : Matelot indiscipliné et négligent. -- «Ah! millenoms! faut-il être Parisien! j'ai oublié l'ampoulette! » -- Phys. du Matelot, 1843.

PARLER PAPIER : Écrire. -- « C'est lui qui parle papier pour moi à mon oncle. » -- Vidal, 1833.

PARLOTTE : Lieu où l'on commère. -- « La Chambre des députés n'est plus qu'une buvette, un cercle, une parlotte. » -- Alph. Karr.

PAROISSIEN : Individu. -- « Que de paroissiens fameux dont il ne serait plus question par ici, si un homme de talent n'était là pour leur y tailler une couronne de n'importe quoi sur la mémoire! » -- Gavarni .

PARRAIN : Témoin. -- Allusion à la fonction du parrainage qui consiste à donner votre nom, à faire constater votre identité. -- Parrain fargueur: Témoin à charge. -- Parrain d'alfèque: Témoin à décharge. -- « Des parrains aboulés dans le burlin du quart d'oeil ont bonni qu'ils reconobraient ma frime pour l'avoir allumée sur la placarde du fourmillon, au moment du grinchissage. » -- Vidocq. -- V. Estourbir .

PARTERRE (Prendre un billet de) : Tomber. -- Calembour.

PARTI : Ivre, endormi. -- «Allons, les voilà partis, dit Vautrin en remuant la tête du père Goriot et celle d'Eugène. » -- Balzac.

PARTICULIER : Individu. Pris souvent en mauvaise part. -- « Ah ça! mais vous êtes donc un particulier dépourvu de toute espèce de délicatesse. » -- L. Reybaud.

PARTICULIÈRE : Fille suspecte. -- « Les mauvaises têtes du quartier qui tiraient la savate pour les particulières de la rue d'Angoulême. » -- Ricard. -- « Voilà qu'un mouchard m'amène une particulière assez gentille. » -- Vidal, 1833.
Particulière: Maîtresse. -- « Ce terme, si trivial en apparence, appartient à la galanterie la plus raffinée et remonte aux bergers du Lignon. On lit à chaque instant dans l'Astrée: Particulariser une dame, en faire sa particulière dame, pour lui adresser ses hommages. Ces locutions ont sans doute été transmises par le Secrétaire des amants à nos soldats, qui n'ont fait que les abréger. » -- Laveaux.
Dans l'armée, particulier et particulière sont synonymes de bourgeois et bourgeoise.

PARTIES : « La fille à parties n'est qu'une prostituée en carte ou isolée, mais avec plus de formes... Si elle se fait suivre par sa tournure élégante ou par un coup d'oeil furtif, on la voit suivant son chemin, les yeux baissés, le maintien modeste; rien ne décèle sa vie déréglée. Elle s'arrête à la porte d'une maison ordinairement de belle apparence; là, elle attend son monsieur, elle s'explique ouvertement avec lui, et s'il entre dans ses vues, il est introduit dans un appartement élégant ou même riche, où l'on ne rencontre ordinairement que la dame de la maison. » -- F. Bérand. Le théâtre de cette rencontre se nomme maison à parties ou maison de passe. L'acte des clientes est qualifié de passe ou passade_. -- C'est un terme qui remonte au dix-huitième siècle.

PAS (Ne) , Ne rien : Négation est ironiquement prise pour une affirmation dans le peuple de Paris. -- « Ernest: Avec qui que tu veux que je soye donc? -- Eugène: Merci, tu n'es pas rageur. » -- Monselet. -- On dit de même: Il n'est pas chien pour il est avare; il n'est rien dégoûté pour il est difficile.

PAS (Sauter le) : Mourir (Dhautel, 1808). -- « Un étudiant dans sa mansarde, Disposait de sa dernière harde, Puis après, voulait sauter le pas. » -- Chanson. -- V. Arnant .

PAS GRAND'CHOSE : Personne de médiocre vertu. -- « Tu as filé avec ta pas grand'chose. » -- P. de Kock.

PASSACAILLER : Supplanter (Vidocq).

PASSE : Guillotine. V . Gerber. -- Allusion à la passe de la fatale lunette. -- Passe-crick: Passe-port (Vidocq). -- Passe-lance: Bateau (id.) V. Lance . -- Passe-singe: Roué (id.), homme dépassant un singe en malice.

PASSER AU BLEU : Disparaître. -- « Plus d'un jaunet passe au bleu. » -- Jouvet, Chansons. -- Équivoque basée sur un procédé de blanchissage. V. Laver Nettoyer Lessiver . -- La passer douce: vivre à l'aise. -- On sous-entend vie. -- Se passer de belle: Ne pas recevoir sa part de vol (Vidocq).

PASSER LA JAMBE : Donner un croc-en-jambes, et par extension, supplanter. -- Son ennemi roulait à ses pieds, car il venait de lui passer la jambe. » -- Vidal, 1833. -- Passer la jambe à Thomas (V. ce mot), c'est, dans l'armée, être de corvée pour l'enlèvement des goguenots. -- Allusion à l'action de les renverser dans les latrines.

PASSANT , PASSIF , PASSIFLE : Soulier. -- Passifleur: Cordonnier. -- Le soulier sert à faire des pas.

PASSIONS (À) : « Vous êtes trop jeune pour bien connaître Paris; vous saurez plus tard qu'il s'y rencontre ce que nous nommons des hommes à passions. Ces gens-là n'ont soif que d'une certaine eau prise à une certaine fontaine, et souvent croupie. » -- Balzac, Père Goriot.

PASTIQUER : Passer. -- Corruption de mot. Y. Abadis.

PATAFIOLER : Confondre. -- « Aux gardes du commerce!...Que le bon Dieu les patafiole!... » -- Gavarni. -- V. pour l'étymologie de ce mot le Magasin pittoresque, t. II, p. 247.

PATAPOUF : Gros homme soufflant plus qu'il ne respire. -- Onomatopée.

PATARD : Monnaie de billon -- En 1808, on donnait ce nom à un gros sou double. V. Dhautel. -- Le patar était une monnaie flamande qui valait un sou au quinzième siècle. V. Du Cange.

PÂTÉE : Correction. -- « Il avait voulu manger un grand gaillard. Aussi a-t-il reçu une pâtée. » Delagny, les Souteneurs_, 1861.

PÂTISSIER (Sale) : Homme malpropre. V. Boulette .

PATRAQUE : Patrouille (Vidocq). -- Jeu de mots ironique. -- On sait que les anciennes patrouilles étaient peu redoutables; elles marchaient aussi mal qu'une patraque. V. Moucharde .
Patraque: Montre bonne ou mauvaise. -- Patraque: En mauvais état de santé.

PATTE : Main. -- « Et toujours de ma patte Frisé comme un bichon. » -- Vadé, 1788.
Patte: Habileté de main. -- « Mal dessiné, mais beaucoup de chic. -- Oui, il a de la patte. » -- L. de Neuville.
Patte: Pied. -- Le testament de Villon parle déjà de « Soy soutenir sur les pattes. » -- « On en voit qui se faufilent dans des omnibus. Le reste s'en retourne à pattes, honteusement. » -- Alb. Second.
Pattes de mouche: Caractères très-fins. -- « Et l'écriture, il était avec des petites pattes de mouche bien agréables. » -- Festeau.
Patte d'oie: Triple ride qui imprime au coin de chaque oeil, trois sillons d'apparence palmipède. -- « Aux tempes la patte d'oie caractéristique et au front les marches du palais montraient des rides élégantes, bien prisées à la cour de Cythère. » -- Balzac.
Coup de patte: Propos méchant.

PATROUILLE (En) : « Quatre jours en patrouille, pour dire en folies bachiques. » -- Cabarets de Paris, 1821.
Patrouiller: Faire patrouille. -- « En ma qualité de caporal postiche de voltigeurs, j'ai passé la nuit à patrouiller. » -- Festeau.
Patrouiller: Manier, patiner. -- Mot à mot: rouler dans ses pattes. -- « Mais c'est vrai, tiens! ça vous patrouille c'te marchandise, et puis ça part. » -- Vadé, 1788.

PATURON : Pied, pas. -- Terme hippique. -- V. Flacul Rebâtir .

PAUMER : Perdre. -- « Je ne roupille que poitou; je paumerai la sorbonne si ton palpitant ne fade pas les sentiments du mien. » -- Vidocq.
Paumer: Empoigner. V. Du Cange. -- Du vieux mot paumoier. -- « Rends-moi la bourse, ou sinon je te paume. » -- le Rapatriage, parade, dix-huitième siècle. -- V. Cigogne .

PAUPIÈRE (Se battre la) : V. OEil .

PAVÉ : Éloge maladroit. -- Allusion au pavé de la Fontaine. -- « C'était un journal pavé de bonnes intentions; mais on y rencontrait plus de pavés encore que de bonnes intentions. » -- Alb. Second.
Gosier pavé: Gosier supportant des boissons très-fortes ou très- chaudes.
C'est tout pavé: Ironiquement pour dire: C'est très loin d'ici, mais la route est si bonne!

PAVILLON : Fou, homme dont les idées flottent tous les vents comme un pavillon. -- Pavillonner: Deviser joyeusement, plaisanter, déraisonner. -- « On renquillera dans la taule a mesigue pour refaiter gourdement, et chenument pavillonner, et picter du pivois sans lance. » -- Vidocq.

PAVOIS : «Être pavois, c'est être dans la vigne du Seigneur, dans toute la joie de Bacchus, atteindre le parfait bonheur, c'est enfin être au pavois. » -- Ch. Coligny.

PAVOISER(Se) : Faire toilette. V. Astiquer .

PAYE (Bonne) : Débiteur solvable. -- « Une lorette très-mauvaise paye. » -- Ed. Lemoine.

PAYS : Compatriote. V. Dhautel, 1808. -- « Falleix trouvait son vieux pays trop cher. » -- Balzac. -- « Ces primeurs exposées pour le plaisir des caporaux et de leurs payses. » -- Id. -- V. Coterie .

PEAU : Laide ou vieille prostituée
Être dans la peau: Être à la place. -- « Je ne voudrais pas être dans la peau du suborneur. » -- Gavarni.
Porter à la peau: Exciter le désir.

PEAUSSER (Se) : Se déguiser. -- Mot à mot: se cacher dans la peau de. -- « Je vais me peausser en gendarme. » -- Balzac.

PÉCUNE : Argent. -- Vieux mot. V. Roquefort.

PÉDÉRO , PÉDÉ : Pédéraste (Vidocq).

PÈGRE (Haute) : « Association des voleurs les plus anciens et les plus exercés; ils ne commettent que de gros vols et méprisent les voleurs ordinaires qui sont appelés dérisoirement pégriots, chiffonniers, pègre à marteau, ou blaviniste, par un pègre de la haute. » -- Vidocq. -- La première catégorie de voleurs se compose de la haute pègre, c'est-à-dire le vol en bottes vernies et en gants jaunes. C'est un homme jeune, élégant, distingué; vous ne le rencontrerez qu'en coupé... Deux ou trois fois par an, il travaille, mais ses expéditions sont toujours fructueuses. » -- Canler.
Pègre: Voleur. -- Un jour à la Croix-Rouge, nous étions dix à douze, tous pègres de renom. » -- Vidocq. -- Pégrenne: Faim, misère. --
Pégrenner: Faire maigre chère. V. Bachasse .
Pegriot: Apprenti voleur se faisant la main aux étalages. » -- Canler. -- V. Boucannier .

PEIGNÉE , COUP DE PEIGNE : Lutte dans laquelle on s'empoigne aux cheveux, et, par extension, combat. -- « Les enfants des sans-culottes qui vont se f..... un coup de peigne avec les brigands de la Vendée. » -- 1793, Hébert. -- « Là-dessus, elles commencent à se repasser une peignée des mieux administrées, criant, jurant, se rossant comme deux enragées. » -- Vidal, 1833.
Se peigner: Se battre. -- « Puis nous nous peignons... On s'poche les yeux. » -- Le Gamin de Paris, chanson.

PEINTRE : Balayeur. V. Pinceau .

PEINTURE (Ne pouvoir voir en) : Détester quelqu'un au point de ne pouvoir souffrir son image.
_Récompenser en peinture: Payer de belles promesses. -- « Henri IV ayant envoyé d'Aubigné en plusieurs provinces, ne lui donna pour récompense que son portrait. D'Aubigné y ajouta ce quatrain: -- « Ce prince est d'étrange nature. Je ne sais qui diable l'a fait! Il récompense en peinture Ceux qui le servent en effet. »
Brave et riche en peinture: « Se dit d'un fanfaron qui parle de son courage qui est suspect et de sa fortune qui est problématique. » -- Dhautel, 1808.

PEINTURLUREUR : Mauvais peintre. -- On emploie le verbe Peinturlurer.

PÉKIN : « On nomme Pékin tout ce qui n'est pas militaire, comme nous appelons militaire tout ce qui n'est pas civil. » -- Talleyrand. -- « De vieux dialogues militaires des règnes de Henri III et Henri IV emploient souvent le mot piquini ou péquin pour désigner les adversaires en religion. Ainsi, dans un de ces dialogues, nous voyons un papiste traiter Coligny de pékin; un autre est intitulé les Pékins de Montauban. » -- Ambert, Constitutionnel du 25 juin 1854.

PELLARD : Foin (Vidocq). -- Diminutif du vieux mot pel: poil. L'herbe est le poil de la terre. On dit pelouse.
Pelle: Chemin (Id.). -- Pelle au cul (Recevoir la): Être mis violemment à la porte. -- « Mon rival, J'en suis convaincu, Va recevoir la pelle au cu. » -- De Longchamps, 1809.

PELOTE (Faire sa) : Arrondir sa bourse. -- « J'fais, comme on dit, ma p'tite p'lote Tout en élevant mes bambins. » -- Dalès, Chansons.
Peloter: Caresser des charmes arrondis en pelote. -- Pelotteur: Flatteur. -- « Se montrer rampant, pelotteur et bêta. » -- Wado, Chansons.

PELURE : Vêtement. -- C'est en effet une pelure pour le corps. V. Épates.

PENDANTE : Boucle d'oreilles, chaîne (Vidocq).

PENDUGLACÉ : Réverbère (Id.). -- Allusion à la suspension et au vitrage du réverbère.

PENNE , PEIGNE : Clé (Vidocq)

PENTE (Avoir une) : Être ivre à trébucher sur un terrain plat comme si on rencontrait une pente brusque.

PÉPIN : Vieux parapluie. -- « De vilains noms qu'on l'apostrophe, Qu'on l'appelle pépin, rifflard, Le parapluie est philosophe. » -- V. Mabille.

PERDRE (Le) : Perdre son pucelage. -- « Je l'ai perdu, s'écriait la jeune Perrette. De mon hymen, c'était le gage. » -- Gustave, Ch., 1836.

PÈRE FRAPPART : Marteau (Vidocq). -- Calembour.

PÉROU : « Ce n'est pas le Pérou que ces bougres-là » -- Hébert, 1793. -- C'est-à-dire: Ce sont de pauvres bougres. -- Allusion aux richesses naturelles du Pérou.

PERROQUET (Étouffer un) : « Cette locution signifie, dans le langage des ateliers, prendre un verre d'absinthe. » -- M. Bayeux. -- Allusion à la couleur verte du verre à pattes dont la main du buveur semble en effet étrangler le cou.

PERRUQUE : Suranné. -- « Le mot perruque était le dernier mot trouvé par le journalisme romantique qui en avait affublé les classiques. » -- Balzac. -- V. Mâchoire .
Perruque: Détournement, abus de confiance. -- C'est un superlatif de faire la queue.

PERSILLER , CUEILLIR DU PERSIL , FAIRE SON PERSIL : Raccrocher. -- « Elles explorent les boulevarts, persillent dans les squares nouveaux, dans l'espoir d'y rencontrer des miches sérieux. » -- Lynol. -- Le miché représente ici le persil indispensable au pot-au-feu de la prostitution. V. Tante .

PESCILLER : Prendre. -- Du vieux mot peschier: pêcher. -- « Servir, Criblage_.

PÉTARD , PÉTEUX : Derrière. -- On entend de reste l'étymologie de ce bruyant synonyme. -- « Sur son péteux, V'là que je l'étale. » -- Le Casse-Gueule, ch., 1841. -- Pétard: Haricot (Vidocq). -- Effet pris pour la cause.
Péter dans la main: Pousser trop loin la familiarité. Faire défaut au moment nécessaire. -- Dans ce dernier sens, allusion au levier qui éclate entre les mains. (V. Dhautel, 1808.)
Péter: Se plaindre en justice (Vidocq).

PETIT CAPORAL : Napoléon 1er. -- Allusion au grade imaginaire que lui décerna l'enthousiasme de ses soldats, au lendemain d'une victoire. -- « Le souhait de S.M. Prussienne et les appréciations du petit caporal. -- M. Saint-Hilaire.
Petit manteau bleu: Homme bienfaisant -- L'usage de ce mot est la plus belle récompense qu'ait pu ambitionner un philanthrope bien connu. -- « On parlerait de toi comme d'un petit manteau bleu. » -- Balzac.

PETIT-MONDE : Lentille (Vidocq). -- Allusion de forme.

PEU (Excusez du) : Terme ironique pour dire: Excusez l'apparente énormité du chiffre. -- « Il y avait 25,000 Français , par terre...Excusez du peu! » Balzac.

PEUPLE , DU PUBLIC (Se moquer du) : Insulter à l'opinion. -- « Grande colère du père Duchesne contre M. Veto qui se fout du peuple. » -- 1793, Hébert. -- Encore fort usité.

PÈZE : Argent (Vidocq) . -- De pesos, monnaie espagnole. .

PHARAMINEUX : Éblouissant comme un phare.

PHILANTHROPE; : Filou (Vidocq). -- Jeu de mots.

PHILIPPE : Écu à l'effigie de Louis-Philippe. -- « On dit que tu as poissé nos philippe. » -- Balzac.

PHILISTIN : « À propos, qu'est-ce qu'un Philistin? -- Autrefois, en Grèce, il s'appelait béotien; on le nomme cokney en Angleterre; épicier ou Joseph Prud'homme à Paris, et les étudiants d'Allemagne lui ont conféré l'appellation de Philistin. » -- Neuville.

PIAF : Vanité, orgueil (Vidocq). -- Au moyen âge. l'homme fastueux était un piafart. V. Roquefort. -- Mot expressif: -- Le vaniteux piaffe comme un cheval de luxe.

PIANOTER : Jouer médiocrement du piano. -- « On ne devait pas pianoter pendant la nuit. » -- Balzac.

PIAULE , PIOLLE : Taverne. -- Du vieux mot piot: vin. V. Roquefort. Ce dernier donne pioller . s'enivrer. V. Artie .

PHILOSOPHE : Pauvre. -- Philosophie: Misère (Vidocq). -- Allusion ironique à la nécessité de la sagesse. -- Philosophe: Savate, vieux soulier revenu des vanités de ce monde V. Arpion .

PIC (Tomber à) : Tomber à point.

PICAILLONS : Écus. -- « Je lui pinçais ses picaillons. » -- Robert Macaire, ch., 1836. -- « J'leur donnerons des picalions. Vive la paix! Vive la nation! » -- Chanson poissarde du Consulat. Tourneur fils.

PICORAGE : Vol commis sur la grande route (Vidocq). -- Allusion ornithologique.

PICOUSE : Haie d'épines. V. Défleurir .

PICTER : Boire. -- De piquette: petit vin. V. Pavillonner .
Picton, Piqueton: Vin supérieur à la piquette. -- L'un et l'autre mot font allusion à l'effet produit par le vin commun qui picote le palais. -- « Si l'ancien picton n'est que de la piquette, Espérons ct'année en fair' de meilleur. » -- Layale, ch., 1855. V. Biture .

PIÈCE DE BOEUF : « Grand article de pathos sur les choses du moment qui ouvre les colonnes de Paris. On l'appelle aussi la pièce de résistance. Un excellent journal qui ne servirait pas tous les jours à ses abonnés la pièce de boeuf ne serait pas sûr de réussir. » -- 1826, Biog. des Journalistes. -- On dit aujourd'hui tartine.

PIED (Donner un coup de) : Marcher vivement. -- « Je vais donner un coup de pied jusque dans les salons. » -- About. -- V. Dhautel, 1808.
Ne pas se moucher du pied: V. Moucher. -- En 1808, on disait dans le même sens: Ne pas se moucher sur sa manche.
Ne pas se donner de coups de pied: Se vanter.
Mise à pied: Mise en non activité -- « Une mise à pied enseigna à notre inspecteur à faire plus exactement son service. » -- Canler.
Pied bleu: Conscrit portant encore les guêtres bleues du paysan. -- « Le pied bleu ne prête pas longtemps à rire par sa gaucherie. » -- La Bédollière.
Pied de cochon: Pistolet. -- Allusion de forme.
Jouer un pied de cochon: Tromper, décamper. -- « Vous avez donc voulu nous jouer un pied de cochon. » -- Canler.

PIERREUSE : « Prostituée qui, même dans sa sphère de turpitudes, est tombée au plus bas degré de l'abjection... elle cherche toujours les ténèbres... Derrière des monceaux de démolition, des tas de pierres, des restes d'édifices en ruines, elle traque l'homme que le hasard amène. » -- F. Béraud. -- V. Dhautel, 1808

PIERROT : Collerette à grands plis comme celle du pierrot des Funambules. -- « Mme Pochard a vu les doigts mignons d'Anne aplatir sur son corsage les mille plis d'un pierrot taillé dans le dernier goût. » _ Ricard, 1820.
Pierrot: Niais. -- Même allusion funambulesque. « Le valet de cantine se fait rincer l'bec par les pierrots. » -- Wado, Chansons.
Asphyxier le pierrot: Boire un verre de vin blanc. -- Allusion de couleur. -- « J'étais-t-allé à la barrière des Deux-Moulins, histoire d'asphyxier le pierrot. » -- La Correctionnelle.

PIEU : Lit. -- Allusion à la dureté des lits de bagne, de prison et de corps-de-garde. -- « On peut enquiller par la venterne de la cambriolle de la larbine qui n'y pionce quelpoique, elle roupille dans le pieu du raze. -- (Vidocq).

PIF , PIVASE : Nez. -- Ce dernier mot donne à penser que pif vient de pivois. Ce serait alors un nez de buveur. -- « L'autre jour, rue Saint-Martin, Voilà qu'un plaisant gamin le dit, riant aux éclats: C'cadet-là quel pif qu'il a! » -- Guinad, Ch., 1839.

PIGE : Année (Vidocq). -- Mot à mot: mesure de temps. V. Piger .

PIGEONNER : Duper. Le mot est vieux; la chose est toujours nouvelle. -- « Un de ceux qui se laissent si facilement pigeonner. » -- Dialogues de Tahureau, 1585.

PIGER : Mesurer. -- La pige est chez les ouvriers un morceau de bois donnant la longueur indiquée par le plan. -- Au moyen âge on appelait pigours les fabricants de certaines mesures de capacité?
Piger: Considérer, mesurer de oeil. -- « Pige-moi ça, regarde-moi un peu ce chique! » -- La Bédollière.
Piger: Saisir. V. Dhautel, 1808.

PIGET : Château (Vidocq).

PIGNARD : Postérieur (id).-- Ancien. V. Roquefort, Pigné.

PIGNOUF : Chez les cordonniers, le maître s'appelle pontif; l'ouvrier gniaf, et l'apprenti pignouf.
Pignouf: Homme grossier, mal élevé. -- « Cet animal d'Amédée n'a pas le sou. -- Prends-en un autre. -- Où ça! tous des pignoufs ici. » -- 1860, À bas le quartier latin.

PILER DU POIVRE : Marcher avec la plante des pieds écorchées, en souffrant à chaque pas comme si du poivre pilé brûlait la chair.
Faire piler du poivre: Terrasser quelqu'un plusieurs fois en le laissant retomber aussi lourdement qu'un pilon. -- Poivre indique la cuisson qu'en ressent la partie contuse.

PILIER : Habitué dont la présence soutient un établissement comme un pilier soutient un plafond.
Pilier du creux: Maître du logis. -- Même allusion. Pilier nous paraît plutôt une forme de pilleur, pillard dans Pilier de boutanche: Commis de boutique, et Pilier de pacquelin: Commis voyageur. Ces deux derniers volent leurs patrons et leurs hôteliers.

PIMPELOTTER (Se) : Se régaler. -- « Elle n'haït pas de gobichonner et de se pimpelotter. » -- La Correctionnelle.

PIMPIONS : Espèces monnayées. -- Au moyen âge, on appelait Pipion une petite monnaie espagnole. Du Cange.

PINCE-CUL : Bal public de dernier ordre. -- « Ce bal inouï que l'argot téméraire de ses habitués avait surnommé le pince... » -- P. Féval. -- V. Casse-gueule .
Pince sans rire: Homme sévère.

PINCE (Chaud de la) : Débauché. -- Corruption de mot. -- « C'était un chaud de la pince, Qui peuplait dans chaqu' province L'hospice d's enfants trouvés. » -- Festeau.

PINCEAU : Balai. -- Allusion de forme. -- « Les hommes de corvée sont tous là prêts le pinceau eu main, je veux dire le balai en joue. » -- Vidal, 1833. -- V. Giberne .

PINCER : Arrêter. -- « Nomme l'coupable, qu'on l'pince » -- 1813, Désaugiers. -- En pincer: Avoir du goût. -- « Comm' j'en pince pour le spectacle, j'vas souvent z'à la Gaîté. » -- 1809, Brazier. -- On dit par extension en pincer pour Mme X: Aimer Mme X.
Pincer: exécuter. -- « En revenant. je pinçais la chansonnette. » -- Ricard. -- « Le professeur nous pinçait une nuance de cancan véritablement inédite. » -- L. Reybaud.

PIOCHE : Travail opiniâtre. V. Bûche . -- « Les cours cessent au mois de juillet; le temps de pioche commence. » -- La Bédollière.
Piocher: Travailler assidûment. V. Dhautel, 1808. -- « Tu peux piocher douze heures par jour... une colonne de feuilleton par heure. » -- L. Reybaud.
Piocher: Battre. -- « Je te pioche, je te fais danser la malaisée. » -- Paillet.
Piocheur: « Les professeurs établissent deux catégories, celle des élèves forts dans leurs classes, des travailleurs, et celle des faibles qu'on flétrit du nom de paresseux (en style technique, les piocheurs et les cancres). » -- H. Rolland.
Piocheur: Homme travailleur et judicieux. -- « Le Piocheur. Celui-ci a pris la carrière au sérieux, il étudie les choses, les hommes, les affaires. » -- Balzac.

PIONCER : Dormir. -- De pieu: lit. -- « Nous nous sommes mis à pioncer, nous ne pensions plus à l'appel. » -- Vidal, 1833. -- V. Boc .

PIOU , PIOUPIOU : Soldat du centre. -- Corruption du vieux mot pion: fantassin. V. Roquefort. -- « Militairement parlant, le pioupiou, comme l'euphonie de ce nom semble l'indiquer, est au jean-jean et au tourlourou ce que musicalement parlant le demi-ton est à deux tons naturels qui se suivent dans l'ordre de la gamme. » -- M. Saint-Hilaire, 1841. -- « Hier, la cuisinière de mon propriétaire a fait tourner son lait et la tête d'un pioupiou. » -- Commerson.

PIPE (Casser sa) : Mourir. -- Ceux qui sont morts ne fument plus. -- « Papa avait beaucoup de blessures, et un jour il cassa sa pipe, comme on dit au régiment. » -- Méry.

PIPELET : Portier. Du nom d'un portier ridicule des Mystères de Paris. -- « Si vous avez un mauvais portier, envoyez-le-moi: je suis le grand redresseur de torts, le Cabrion des pipelets. » -- P. d'Anglemont. --
Chapeau Pipelet: Chapeau tromblon. -- Même origine.

PIPER : Fumer la pipe. -- « Il me semble qu'on a pipé ici . » -- Gavarni.

PIQUANTE : Épingle (Vidocq) . -- Effet pour la cause.

PIQUE-EN-TERRE : Volaille. -- Mot imagé. On sait que les poules piquent toujours la terre du bec.

PIQUER UN CHIEN : Dormir. -- Rabelais l'écrit dormir en chien dans son livre IV, page 159. C'est, dit le Duchat, son annotateur, Dormir indifféremment à toute heure et en tous lieux. -- «Lorsque la nuit est sombre, que les voyageurs pioncent ou piquent leur chien. » -- Paillet.
Piquer un renard: Vomir. -- V . Renard. -- Piquer un soleil: Rougir subitement. -- Piquer l'étrangère: V. ce mot. -- Piquer une tête: S'élancer ou tomber la tête la première. -- Piquer un laïus: V. ce mot. -- Piquer une carte. « Lui imprimer certaines marques imperceptibles, et susceptibles de ne les faire connaître a d'autres qu'à vous. » -- Mornand. -- Piquer sur quatre: Gagner une partie d'écarté presque perdue, lorsque votre adversaire a sur vous quatre points d'avance. -- Se piquer le nez: V. ce mot. -- Pas piqué des vers, des hannetons: Vigoureux, intact, frais, sain. -- « C'est qu'il fait un froid qui n'est pas piqué des vers ici! » -- Gavarni . -- « Une jeunesse entre quinze et seize, point piquée des hannetons, un vrai bouton de rose. » -- Montépin. -- « C'est qu'elle n'était pas piquée des vers, Et oui, morbleu! C'est ce qu'il faut à Mahieu. » -- Les amours de Mahieu, ch., 1832.

PISSER OU CHIER (Envoyer) : Renvoyer au loin. -- Ce terme injurieux; remonte à une haute antiquité. -- Au mot Pissare, Du Cange cite une lettre de rémission de 1465, où, entre autres injures et grandes parolles reprochées au délinquant, on rapporte qu'il envoya pisser son adversaire. V. Foirer .
Pisser sa côtelette: Accoucher, mettre au monde un enfant. -- Dhautel (1808) emploie dans le même sens pisser des os.
Faire pisser des lames de rasoir en travers: Ennuyer.

PISTOLET : Demi-bouteille de champagne. Double allusion au petit calibre de la fiole et à l'explosion de son contenu. -- C'est aussi un homme singulier. -- « On rit avec toi et tu te fâches... En voilà un drôle de pistolet! » -- Gavarni.

PISTON : Importun. -- On connaît l'agaçante régularité du coup de piston. -- On use du verbe pistonner. -- Piston: Préparateur du cours de physique.

PITON : Nez saillant comme un piton vissé dans une planche. -- « Ah! quel nez, quel beau piton! Chacun dit: Venez donc voir, C'est un marchand d'éteignoirs. -- Pecquet, Chansons.

PITRE : « Qui ça, Giroflée! -- Notre pitre donc, notre paillasse. » -- E. Sue.

PITROUX : Pistolet (Vidocq). -- Allusion à la détonation. Au moyen âge, on appelait petereau de petites bouches à feu.

PITUITER : Déblatérer. -- Allusion au caractère pernicieux de la pituite. -- « On en a déjà assez pituité sur notre compte. » -- Lynol.

PIVER : Ressort de montre ou de pendule servant à couper les barreaux. -- Il revient à la charge contre le fer, comme le piver contre l'arbre qu'il perce de son bec.

PIVOIS : Vin -- Allusion à la couleur rouge de la pivoine. V. Pavillonner, Solir, Tremblant, Artie. -- -- « On s'pousse du pivois à six ronds dans l'battant. » -- Chansonnier. impr. Stahl, 1836. -- « Avons-je du vin? -- Non. -- Apportez du pivois, hé vite! -- Vadé, 1788. -- Peut-être aussi est-ce un diminutif du vieux mot piot: vin? --
Pivoiner: Rougir (Vidocq).

PIVOT : Plume. V. Servir . -- Le bec d'une plume figure assez bien un petit pivot.

PLACARDE : Place. -- Diminutif. V. Parrain .

PLAN (Mettre en) : Engager. -- « Pour faire à sa belle Un don digne d'elle, L'employé met sa montre en plan. » -- Désaugiers, 1815.
Mettre en plan: Rester en gage chez un restaurateur jusqu'à l'acquittement de sa note.
Laisser en plan: Abandonner. -- « Et cet animal de barbier qui me laisse en plan. » -- Cormon.
Tomber au plan: Être mis en prison. -- « Tu voudrais que je grinchisse sans tracquer de tomber au plan. » Vidocq. -- V. Manger .

PLANCHE (Faire sa) : Montrer une froideur excessive. -- Sans planche: Sans façon. -- « L'écaillère de ses propos poissards vous entretient sans planche. » -- Cabarets de Paris, 1821. -- Planche au pain: Banc des prévenus.

PLANCHER : Moquer. -- « Est-ce que tu planches? pour: Te moques-tu de moi? » -- 1808, Dhautel. -- Plancherie: Mauvaise plaisanterie. -- « I'me propose le bâton. Moi, j'lui dis: Allons donc ! Tu planches. » -- Ch., Avignon, 1813. -- Planché: Condamné.

PLANCHER DES VACHES : « La terre était sa vraie patrie; la terre, le plancher des vaches. » -- J. Janin.

PLANQUE : Cachette. V. Bayafe . -- Planquer: Cacher. V. Déplanquer Enplanquer .
Planque: Observation. -- On se cache pour bien observer. -- « J'allai en compagnie de H., et le laissant en planque (en observation), je montai chez Chardon. » -- Canler.

PLATINE : « Il a une bonne platine, se dit d'un grand babillard. » -- 1808, Dhautel.

PLÂTRE : Argent (Vidocq). -- Il bouche plus d'un trou. Malgré la possibilité de cette image, on doit y voir une allusion à la blancheur de l'argent.
Fille de plâtre: Lorette. Vient du roman écrit sous ce nom par M. de Montépin, pour servir de contre-partie à la pièce des Filles de Marbre. -- « Ces femmes ne sont que des filles de plâtre. » -- 1860 les Étudiants du quartier latin.

PLEIN , Plein comme un oeuf , comme un sac : Saoul. -- « Un homme plein comme un oeuf, pour avoir trop mangé.» -- Le Duchat, 1738.

PLEURANT : Oignon (Vidocq). -- Il fait pleurer.

PLEUT (Il) : « Ces mots il pleut signifient, en langue de francmaçonnerie: Taisons-nous, parce qu'on nous écoute. » _Aventures de J. Sharp, 1789.

PLOMB : « Gaz caché dans les fentes des pierres, et qui tue comme la foudre le vidangeur qui en est atteint. » -- Berthaud. -- Plomb: Vérole. -- Plomber: Infecter, donner la vérole.

PLOMBE : Heure. -- Onomatopée. -- Plombe imite le bruit grave d'une sonnerie de grosse horloge. V. Momir Crosser . -- Plomber: Sonner.

PLONGEUR : Misérable, déguenillé (Vidocq). -- Allusion au costume primitif du plongeur. V. Paffe .

PLOYANT : Portefeuille. -- Un portefeuille se ploie. -- « Les dimanches tu grinchiras dans les toles bogues et ployants. » -- Vidocq.

PLUME : Pince à effraction. V. Caroubleur . -- Plume de Beauce: Paille. -- On sait combien la Beauce est riche en céréales. On appelle Chartres la ville des pailleux. -- « Quelle poésie! la paille est la plume de Beauce. » -- Balzac.

PLUMET (Avoir son) : S'enivrer. -- Comparaison de la trogne à la couleur rouge d un plumet d'uniforme. -- « N'est-ce pas que j'dois vous faire l'effet D'avoir c'qui s'appelle un plumet. Messieurs, c'est le picton ! » -- Ch . Voizo, Ch . -- M. Alphonse Duchesne a fait une chanson intitulée: J'ai mon plumet. (Paris, Roger, 1863.)

PLUS SOUVENT : Jamais. -- « Ma sainte te ressemble, Nini. -- Plus souvent que j'ai un air chose comme ça! » -- Gavarni .

POCHARD , POCHE : Ivrogne. (Vidocq, 1837). -- Mot à mot: Ivre, ivrogne, homme qui remplit ou qui a rempli de vin la poche de son estomac. -- « Je ne sais pas ce que j'ai...je crois que je suis un peu pochard. » -- M. Michel.
Pocharder: Enivrer. -- « Pisque tu soldes ma de pense, J'n'me pochardrai qu'avec toi. » -- Festeau. -- Pocharderie: Ivrognerie (Vidocq, 1837).

POCHON : COUP de poing. -- « Suivant qu'un pochon bien appliqué vient nuancer un oeil ou froisser un nez. » -- H. Rolland.

POIGNE , POGNE : Main (Vidocq, 1837). -- Mot à mot: Main qui empoigne. -- « J'ai la poigne solide, ça me suffit, et je vous étrangle. » -- E. Lemoine. -- Pognon: Argent.

POIL : Réprimande.
Faire le poil: Surpasser. -- Mot à mot: raser. -- « Personne n'a fait le poil à Gaudissart. » -- Balzac. -- « Il n'y a pas moyen de me faire le poil. » _ Vidal, 1833.
Avoir un poil dans la main: V. Main .
À poils: Un homme à poils est un homme résolu. C'est le brave à trois poils de Molière. -- « Des bougres à poil, déterminés à vivre libres ou mourir. » -- 1793, Hébert. -- « M'est avis qu'il faut z'être un artiste à poil (de mérite) pour ça. » -- Désaugiers.
Être à poils: Être nu. -- Monter à poils: Monter un cheval sans selle.

POINTE (Pousser sa) : Conter fleurette. -- « Que de projets ma tête avorte tour à tour, Poussons toujours ma pointe et celle de l'amour. » -- Le Rapatriage, parade du dix-huitième siècle.

POIRE (Faire sa) : Jouer le dédain, -- Allusion à une moue prononcée qui allonge les lèvres en gonflant légèrement les joues. -- « Je pourrais m'en targuer et faire ma poire. » -- L. Pollet.

POISON : Méchante femme. -- « Poison est aussi un sobriquet outrageant que l'on donne aux courtisanes les plus viles. » -- 1808, Dhautel.

POISSER : Voler. -- Allusion aux propriétés de ha poix. -- Une main poissée garde volontiers ce qu'elle touche, -- V. Baite Billon Philippe .
Se Poisser: S'enivrer, boire trop de poissons. -- « Je ne voulais pas boire...mais quand j'ai vu qu'il allait se poisser, je l'ai aidé à vider les bouteilles: c'était pour le sauver. » -- La Correctionnelle.

POISSON : « Jeune, beau, fort, le poisson ou barbillon est à la fois le défenseur et le valet des filles d'amour qui font le trottoir, » -- Canler. -- V. Mac Paillasson .
Poisson: Verre. -- Du vieux mot poçon: tasse, coupe. V. Roquefort. -- «J'n' suis pas trop pompette, Viens, je régale d'un poisson. » -- Les Amours de Jeannette, ch., 1813. -- V. Camphre .

POITOU : Nulle chose. -- Mot à mot: point du tout. -- Jeu de mots analogue à celui de Niort. -- « Tout est à notre usage, N'épargnons le poitou. » -- V. Paumer .

POIVRE : Ivre. -- Du vieux mot poipre: pourpre. V. Roquefort. -- Une trogne de buveur s'empourpre volontiers. -- « Je voyais bien qu'il était poivre. » -- Monselet.
Poivrier: « Voleur dévalisant les hommes ivres aux barrières. » -- Canler.

POIVREMENT : Paiement. -- Poivre pris dans ce sens, doit remonter au temps reculé où les épices étaient assez chères pour faire de ce mot un synonyme de Argent.
Poivrer: Vendre trop cher. On dit aussi: Saler (1808, Dhautel).

POIVRER : Donner la vérole. -- « Pour se venger d'un homme, elle prit du mal exprès afin de le poivrer. » -- Tallemant des Réaux.
Poivrière: Femme malade. -- « Va, poivrière de Saint-Côme, je me fiche de ton Jérôme. » -- Vadé.

POLICHINELLE : Canon d eau-de-vie. -- « Polichinel... C'est ainsi que les fiacres nomment une chopine en deux verres. » -- Cabarets de Paris, 1821.
Avoir un polichinelle dans le tiroir: Être enceinte. -- « Sais-tu? lui dit sa femme, je crois avoir un polichinelle dans le tiroir. Le mari comprend, la femme est intéressante. » -- Figaro.

POLISSON : « Toutes les dames et demoiselles qui, pour suppléer au manque de rondeur de certaines parties, portent ce que Mme de Genlis appelle tout crûment un polisson et que nous appelons une tournure. » -- Th. Gautier, 1833.

POLKA : « Disons quelques mots de cette gigue anglaise croisée de valse allemande, qui fait sautiller aujourd'hui les Parisiens comme autant de coqs d'Inde sur une plaque brûlante. » -- E. Arago, 1844.
Faire danser la polka: Battre. -- « Ce grand empereur, On lui fera danser la polka. » -- Layale, Ch.
On a dit un moment à la polka, pour dire très-bien.
Un petit polka: Jeune homme tiré à quatre épingles, et tellement satisfait d'être invité à un bal, qu'il y danse sans relâche jusqu'au matin. -- « Les jolies femmes dédaignent les petits polka. » -- Figaro.

POMMES (Aux) : Très-bien. V. Ognons . -- Nous ne savons si ce superlatif est causé par la folle passion des voyous parisiens pour les chaussons aux pommes, ou s'il faut y voir une locution plus âgée. -- « Le feu duc de Brissac (mort en 1651) aimoit tant les pommes de reinette que, pour bien louer quelque chose, il ajoutait toujours de reinette au bout, tellement qu'on lui ouït dire quelquefois: C'étoit un honnête homme de reinette. » -- Tallemant des Réaux. -- Bath aux pommes: Bien (Lem. de Neuville). -- « J'ai mijoté pour ce numéro un petit éreintement aux pommes. » -- J. Rousseau.

POMPADOUR : Coquet, galant. -- « C'est Régence, justaucorps bleu, Pompadour, dix-huitième siècle, tout ce qu'il y a de plus maréchal de Richelieu, rocaille, » -- Balzac.

POMPER : Boire copieusement. -- « À la Courtille, je fais des bêtises quand j'ai pompé le sirop. » -- 1830, Mélesville.
C'est un pompier: C'est un fort buveur.

POMPETTE : Ivre. Du vieux mot pompette: pompon. -- Cette allusion à la tronche rouge des buveurs se retrouve dans plumet et cocarde. -- « Lupolde, à tout (avec) son rouge nez à pompette, conclud tous ses contes par le vin. » -- Contes d'Eutrapel, seizième siècle. -- « L'amant lui- même a perdu la raison, et Vénus est entièrement pompette. » -- Cabarets de Paris.

POMPIER : Ouvrier tailleur travaillant à la journée. -- « Les pompiers réunis forment la pompe. Il y a la grande et la petite pompe: la grande, pour les habits et redingotes; la petite, pour les pantalons et gilets. » -- Roger de Beauvoir.

POMPON : Tête. -- « Il vous y envoie des pavés que ça brise les pompons. » -- H. Monnier. -- V. Cocarde . -- Avoir le pompon: Être au premier rang. -- Allusion au pompon qui distingue les compagnies d'élite. -- « À moi le pompon de la fidélité. » -- M. Saint Hilaire.

PONANTE , PONISSE : Fille publique. (Vidocq, 1837). Du vieux mot ponant: Derrière. V. Fr. Michel. -- Le Ponant est le Couchant, en termes de marine. Peut-être est-on parti de là pour appeler ponante une fille qu'on voit toujours au coucher? » -- V. Calège .

PONCIF : « Le poncif c'est la formule de style, de sentiment, d'idée ou d'image qui, fanée par l'abus, court les rues avec un faux air hardi et coquet. -- Exemples: C'est plus qu'un bon livre, c'est une bonne action. -- On ne remplace pas une mère. -- Un homme d'esprit et de coeur. -- L'horizon politique se rembrunit, etc. » -- Aublyet. -- « Si chacun de nous racontait ses bonnes fortunes? -- Allons donc, poncif! Pompadour! À bas la motion! » -- Th. Gautier, 1833.

PONT : V. Couper .

PONTER : Payer. -- Ponteur: V. Miché .

PONTIFE : Maître cordonnier. V. Pignouf .

PONTONNIÈRE : « Fille publique fréquentant le dessous des ponts. » -- Canler.

POPOTE : Table d'hôte, gâchis, ratatouille.

PORTE-MAILLOT : Figurante bonne à porter des maillots, mais incapable de jouer un rôle. -- « Je vous demande un peu! une porte-maillot comme ça. » -- Gavarni .

PORTE-MINCE : Portefeuille (Vidocq). -- Mot à mot: porte-papier.

PORTE-PIPE : Bouche. -- « Si je lui payais la goutte, car il aime furieusement à se rincer le porte-pipe. » -- Vidal, 1833.
Porte de prison: Personne revêche. » -- 1808, Dhautel.
Porte-trèfle: Culotte (Vidocq). V. Trèfle .

PORTER (En) : Être trompé. -- Mot à mot: porter des cornes. -- « Dis donc, Miroux..., de quoi donc que Mme Miroux te fait porter? » -- Gavarni.

POSE : Exhibition mensongère d'un défaut, d'une qualité, d'un scintillent ou d'un avantage qu'on ne possède pas. -- « L'amour platonique!...en voilà une pose ! » -- Gavarni.

POSER : Chercher à paraître ce qu'on n'est pas. -- « Que cherches-tu sous les meubles ? -- Le naïf pour qui tu poses. » -- E. Augier. -- « Pose et Poser sont donc substantif et verbe d'un sens vif et prompt, mais d'acceptation nouvelle, laquelle nous vient des arts et a bientôt passé dans le torrent du discours. Poser, c'est ne point vouloir être soi. Pendant le sombre procès de Tulle, toutes les femmes ont posé Mme Lafarge. Hélas! des êtres sans méchanceté pour deux liards avaient posé Lacenaire quelque temps auparavant, etc., etc. » -- Luchet. -- « L'homme qui pose se place généralement dans la situation qu'il sait la plus favorable, aux avantages physiques que lui a ou que ne lui a pas donné la nature. » -- Ed. Lemoine.
Poser: Mettre en évidence. « Voilà un ménage qui pose une femme. » -- Balzac. -- « C'est une manière ingénieuse...ça pose un homme. » -- L. Reybaud.
Poser: Se laisser mystifier. -- « Il croyait toujours qu'on allait ce qui s'appelle le faire poser et se moquer de lui. » -- Méry.
Poser sa chique: Garder le silence. -- « Le roi règne sans gouverner. Si le nôtre un jour s'en écarte, Qu'il aille interroger la Charte! Elle lui répondra d'abord: Pos'ta chique et fais l'mort. » -- Paris chantant, Jules Leroy. -- V. Chique .

POSTÉRIEUR : Derrière. -- On dit aussi, par pure délicatesse, le bas du dos, ou le bas de l'épine dorsale, ou les parties charnues, ou le bienséant, etc.

POSTICHE : Rassemblement sur la voie publique.

POSTILLON : « Un postillon est une boulette de mie de pain pétrie entre les doigts et renfermant un avis adressé à un détenu. » -- Canler.
Envoyer des postillons: Crachotter sans le vouloir au nez d'un interlocuteur.

POTACHIEN , POTACHE : Collégien. Allusion au chapeau de soie pot à chien qui était d'uniforme dans les collèges avant le képi. V. Bahut .

POT-AU-FEU : Entreteneur fournissant de quoi faire aller le pot-au-feu. -- « L'Anglais: Lorsque nous aimons, Nous finançons, Afin de plaire. D'où vient qu'en tout lieu on dit: un milord pot-au-feu. » -- Désaugiers .
Pot-au-feu: Casanier, arriéré. -- « Ce n'est pas cet imbécile qui m'aurait éclairée... il est d'ailleurs bien trop pot-au-feu. » Balzac.

POTARD : Apprenti pharmacien. -- Allusion aux innombrables pots dont il est gardien.

POTASSE , SEUR : Élève de Saint-Cyr, très-bien coté à son cours et très- mal quant aux aptitudes militaires. » -- De la Barre. -- « Ce mot désigne aussi un piocheur malheureux, candidat très-laborieux, mais échouant aux examens. » -- De Vauvineux. -- Potasser: Travailler assidûment. -- Faire de la potasse: Attendre. -- « Voilà une heure que vous nous faites faire de la potasse. » -- La Correctionnelle.

POT-BOUILLASSER (Se) : Se mettre en ménage. -- Mot à mot: faire bouillir à deux le pot-au-feu. -- « Les pontonniers s'organisent aux environs de la caserne un ménage légitime ou illégitime; ils se potbouillassent, comme disent les soldats. » -- La Bédollière.

POTEAUX : Grosses jambes. -- Gavarni définit ainsi celles d'une danseuse qui ruine ses amants: « Deux poteaux qui montrent la route de Clichy. ». -- V. Dhautel .

POTINS : Embarras. commérages. -- « De quoi! on a ses potins comme tout le monde. » -- Monselet.

ET LE POUCE! Terme ironique pour dire : Il y a beaucoup plus que vous ne dites, le pouce dont vous parlez vaut plusieurs pieds.
Le coup de pouce du détaillant est une manoeuvre qui permet de vendre à faux poids avec des balances exactes.
Donner le coup de pouce: Étrangler.

POUDRE D'ESCAMPETTE (Prendre la) : Décamper. -- Jadis, on disait escamper pour Décamper.

POUF : Catastrophe financière, fauteuil bas largement capitonné. V. Puff. -- « Les pertes que vos trous dans la lune ou vos poufs, pour parler le style du local, lui occasionnent. » -- Vidal, 1833.

POUFFIACE : Femme sale, avachie.

POULAILLER : C'est la partie du théâtre la plus voisine du lustre. Les spectateurs y sont juchés par gradins comme sur un perchoir. -- On dit aussi Paradis, parce que ces places sont au ciel, dont le soleil est le lustre.

POULET D'INDE : Cheval. -- « Trois poulets d Inde et puis monsieur feraient un fringant attelage » -- Vadé, 1755.

POUPARD : « Un petit poupard (vol préparé de longue main) que nous nourrissons depuis deux mois. -- E. Sue. -- V. Nourrir .

POUPÉE : Soldat (Vidocq). -- Allusion à la raideur militaire.
Poupée: Prostituée. -- « Je m'en fus rue Saint Honoré pour y trouver ma poupée. » -- Vidal, 1833. -- En 1808, on disait une poupée à ressorts. V. Dhautel.

POUPOULE : Mot d'amitié. Il va sans dire qu'un coq est censé le prononcer. -- « Reste avec ta poupoule. » -- E. Lemoine.

POURRI : Vénal, corrompu. -- « Or, dans le cas où M. de la Baudraye serait acquis au gouvernement, Sancerre devenait, plus que jamais, le bourg pourri de la doctrine. » -- Balzac.
Pourri de chic: Rempli d'élégance.

POUSSE : Gendarmerie Mot ancien. V. Roquefort. Il confirme le sens que nous avons donné à son synonyme Cogne. -- « Archer, recors, exempts, Et tout ce que la pousse a nourri de vaillants. » -- Grandval, 1723.
Pousse-cailloux: Fantassin . -- Allusion à la marche du piéton. -- « Votre frère était dans les dragons, moi, j'étais dans les pousse- cailloux. » -- Balzac. -- « Cavalier...tu arriveras au grade de maréchal des logis à force de trotter...Parole d'honneur! Vaut mieux pousser les cailloux et devenir capitaine. » -- Vidal, 1833.
Pousse-café: Petit verre de cognac, pris après le café. -- « Ensuite nous avons pris le café, le pousse-café, le repousse-café. » -- Voizo. __.
Ce qui se pousse: Monnaie. Allusion à l'acte de compter des écus.

POUSSIÈRE : Réprimande, charge victorieuse. -- Connu dès 1808.
_Pousser dans le battant (Se): Boire. V.
Pivois .

POUSSIER : Poussière. -- Poussier: Lit. -- La poussière n'y manque pas. -- « Je lui paie son garni de la rue Ménilmontant, un poussier de quinze balles par mois. » -- Monselet. -- Poussier: Monnaie (Vidocq).

PRATIQUE : Soldat indiscipliné, homme débauché, pratique de mauvais lieux. -- « C'était une pratique qui se démenait comme un enragé entre les mains de la Garde. » -- Vidal, 1833. -- « Tout cela n'est que de la pratique; ils t'ont fait voir le tour comme des gueux. » -- Monselet.
Pratique: Instrument servant à imiter la voix de Polichinelle. -- « Polichinelle le cynique Doit renfermer sa pratique. » -- Complainte sur les jours gras, Paris, 1826, impr. Stahl.

PRÉ , GRAND PRÉ : Travaux forcés. -- « Ne crains pas le pré que je brave. » -- Vidocq. -- On dit aussi le grandpré. -- « Du grand pré tu te cramperas pour rabattre à Pantin lestement. » -- (Id.). -- Aller faucher au pré quinze ans: Avoir quinze ans de galères. -- Le mot est imagé et doit être fort ancien, car le grand pré est ici la mer dont les anciens galériens coupaient en cadence de leurs longs avirons les ondes verdâtres, comme des faucheurs rangés dans une prairie. On sait qu'autrefois tous les condamnés ramaient sur les galères du Roi.

PRÉDESTINÉ : Mari trompé . -- « Prédestiné signifie destiné par avance au bonheur ou au malheur... Nous donnons à ce terme une signification fatale a nos élus. » -- Balzac.

PREMIER-PARIS : « Un grand article, appelé Premier-Paris, contenant des réflexions sur la situation. C'est une série de longues phrases, de glands mots qui, semblables aux corps matériels, sont sonores à proportion qu'ils sont creux. » -- Alph. Karr.

PRESSE (Mettre sous) : Mettre en gages. -- En 1808 on disait mettre en presse. -- Dans le monde galant, être sous presse signifie Être en conférence intime. -- « C'est parce que nous avons été mis trop de fois sous presse, qu'aujourd'hui nous sommes tant dépréciées. » -- Lynol.

PREU : Premier. -- Diminutif ancien déjà donné dans la Farce de Pathelin. -- « Tiens, v'la le bijoutier du no 10 qui vous a loué tout son preu (premier étage). -- H. Monnier.

PRISE DE BEC : Engueulement. -- « Entendez-vous son organe. Elle a une prise de bec avec Angelina. » -- 1860, les Étudiants.

PROFONDE : Poche. -- « Ils se désignent entre eux sous le nom de fouilleurs de profondes. » -- Paillet.
Profonde: Cave. -- « Je vais à la profonde vous chercher du frais. » -- Vidocq.
Dans les deux mots même allusion de cavité.

PROMONT : Procès (Vidocq)-- Corruption de mot.

PROPRE : « Il est propre se dit d'un homme qui s'est mis dans de mauvaises affaires. » -- 1808 Dhautel.

PROTÉGER : Entretenir. -- « Votre monstre d'homme protège Jenny. » -- Balzac. -- Protecteur: Entreteneur.

PROUTE : Plainte. -- Allusion facile à saisir si on se reporte au sens de péter.

PRUNE , NEAU : Projectile -- Allusion de forme. -- « C'est tout de même vexant d'avoir échappé si souvent aux prunes pour être tué comme un chien enragé. » -- E. Sue. -- « Quand j'ai reçu le pruneau, j'ai dit: Bien, c'est le bon! -- L. Reybaud.

PRUSSE (Pour le roi de) : « Manière fort en usage de parler pour dire que l'on a fait quelque chose en pure perte. » -- Dhautel, 1808. -- « S'ils viennent ce sera pour le roi de Prusse. » -- Cogniard 1831.

PRUSSIEN : Derrière. V. Camboler . -- Les déroutes d'Auerstadt et d'Iéna où les Prussiens n'ont pas tardé à tourner le dos, ont pu naturaliser dans nos troupes cette plaisanterie. -- En 1825, on a publié un Guide du Prussien ou Manuel de l'artilleur sournois. -- « Le général Kléber À la barrière d'Enfer Rencontre un Prussien Qui lui montra le sien. » -- Chanson populaire.

PUANT : Homme aux manières irritantes qu'on ne peut pas sentir. Se dit surtout de ceux qui affectent des allures fashionables. -- « Ce petit puant... un petit maître toujours sans conséquence. » -- Parodie de Zaïre dix-huitième siècle.

PUBLIC (Se fiche du) : V. Peuple .

PUCES (Trouver des) : Trouver motif de querelle. -- « Et pourtant la Giraudeau a trouvé moyen de me trouver des puces. » -- La Correctionnelle. -- Celui qui cherche querelle saute sur le moindre motif comme celui qui essaie de prendre une puce au bond.

PUFF : Réclame effrontée. -- Mot anglais. -- « Le Lafayette du puff qui en matière de réclames est le héros des deux mondes. » -- Heine.
Puffiste: Faiseur de puffs. -- « Ne laissant nulle trève à l'essaim des puffistes. » -- Commerson.
Puff: Banqueroute -- « Il serait homme à décamper gratis. Ce serait un puff abominable. » -- Balzac. -- V. Pouf .

PUR-SANG : Cheval de race. -- « Célestine hochait la tête comme un pur- sang avant la course. » -- Balzac.

PUTAIN (Fils de) : Injure à laquelle le peuple n'attache la plupart du temps aucune idée fixe. -- « J'ai entendu une poissarde dire à son fils: Petit polisson! attends fils de putain je te ferai voir que je suis ta mère. » -- 1808 Dhautel. (Note manuscrite).
Miroir à putains: Garçon dépourvu de distinction mais riche de cette beauté banale qui séduit le commun des femmes.

PUTIPHARDER : Violer sans plus de façons que la femme de Putiphar. -- « Ces diables de gens il faut vraiment les putipharder pour avoir l'honneur de peindre leurs silhouettes. » -- Champfleury.

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